25 mars 2024
L'avis de Jacki Maréchal à propos de mes deux derniers livres (disponibles à la librairie Buffet pour les personnes d'Oyonnax et sa région) :
00:05 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : livre, lecture, les fantômes de ma tante, christian cottet-emard, humour, roman, littérature, blog littéraire de christian cottet-emard, blog l'annexe, nuel, orage lagune express éditions, christian cottet-emard, fantômes de ma tante, livre, nonsense, absurde, humour anglais, roman humoristique, club cigare, joaquim vaz de andrade, club cigare info, une folle nuit d'amour ou un bon dîner chez lapin ?, porto, portugal, douro, fleuve, orage lagune express, vila nova de gaïa, pont luís
17 février 2024
Vient de paraître
Quatrième de couverture :
Antoine Morasse, jeune homme nonchalant et immature, inadapté à son époque, perd son emploi. Il se voit contraint d'accepter de garder la maison de Marcia, sa vieille tante acariâtre qui part faire le tour du monde. Antoine se croit tranquille dans sa nouvelle résidence mais à mesure que le temps passe, la maison attire à elle des personnages aussi loufoques que douteux, animés de mystérieuses intentions.
Parmi ces visiteurs qui s'incrustent, Pelham le valet de chambre et Miss Punket la cuisinière encouragent sans le vouloir Antoine à se laisser vivre au jour le jour, voire à se perdre dans l'isolement et le silence de l'austère demeure hors du temps. Mais c'était peut-être sans compter sur la fée Clochette... Parviendra-t-elle à réveiller Antoine de sa torpeur, à le soustraire à l'influence lénifiante de la maison, à le ramener dans la vraie vie ?
Logique de l'absurde, humour décalé et clins d'œil au valet de chambre de Wodehouse ainsi qu'à l'Oblomov de Gontcharov sont les principaux ingrédients savamment dosés de Fantômes de ma tante. En y ajoutant un zeste de discrète mélancolie typique de sa manière, Christian Cottet-Emard signe un de ses romans les plus drôles et les plus divertissants. Un véritable antidote à l'esprit de sérieux de notre époque. (Club Cigare Info)
Les personnages que l'on rencontre dans ce livre
Personnages principaux :
Antoine Morasse, héros (enfin, si l'on peut dire) et narrateur.
Tante Marcia, globe-trotteuse acariâtre.
Le chartreux, chat parfois dépressif.
Pelham, valet de chambre anachronique et cachotier.
Miss Punket (Félicia), cordon bleu et rancunière.
Dimitri Popov, mal intentionné.
La fée Clochette.
Personnages secondaires :
Fortunat, vieil amant de tante Marcia.
Un rat aux yeux pétillants d'intelligence.
Le gagnant du loto du bonheur.
L'épouse du gagnant du loto du bonheur.
Le démarcheur en assurance musophobe.
Le vétérinaire du chartreux.
Le voisin au transistor.
La voisine chanteuse candidate à Décibels Académie.
Le professeur Kado, voyant-médium toutes spécialités.
Le gros poète avec du ruban adhésif sur la bouche.
Le grincheux fataliste.
La poétesse post-soixante-huitarde, adolescente attardée.
La petite fille qui tient un ballon.
Christian Cottet-Emard est né en 1959 à Montréal (Ain). Il a vécu jusqu’en 2009 à Oyonnax (Ain) avant de s'installer dans le Haut-Jura. Bourse d’écriture du CNL (Centre National du Livre) en 2006. Depuis 2005, il tient un blog : http://cottetemard.hautetfort.com (ISSN 2266-3959).
En vente par correspondance ici ou en m'envoyant un mail : contact.ccottetemard@yahoo.fr
Pour les personnes d'Oyonnax et sa région, ce livre sera disponible dans une dizaine de jours à la librairie Buffet d'Oyonnax et au kiosque de l'hôpital d'Oyonnax.
- ASIN : B0CVS8GY37
- Éditeur : Orage-Lagune-Express, diffusion Independently published (15 février 2024)
- Langue : Français
- Broché : 178 pages
- ISBN-13 : 979-8879744651
- Poids de l'article : 254 g
- Dimensions : 12.85 x 1.14 x 19.84 cm
06 novembre 2019
Extrait de mon prochain roman
J’éprouvais certes de la joie à liquider ainsi une décennie d’énergie et de créativité gaspillées dans le travail mais j’étais du même coup conscient des problèmes qui allaient vite succéder à cette éphémère ivresse de la liberté. Telle est la cruelle aliénation du travail qui tourmente aussi bien celui qui détient un emploi que celui qui s’en trouve privé. Comme pour étayer cette triste évidence, un homme qui faisait souvent la manche près de l’église et qui se rendait vers son « lieu de travail » juste avant le début de la messe me persuada de lui donner une pièce. J’espérais que mon geste m’attirerait les faveurs de la Providence en prévision d’une probable période de vaches maigres. Bien sûr, j’aurais pu aussi compléter mon attitude charitable par ma présence à la messe dominicale mais la situation n’atteignait pas les sommets de gravité qui eussent justifié d’en arriver à une telle extrémité. En outre, bien que j’en fusse chagriné, je n’avais pas la Foi. J’aimais pourtant l’atmosphère des églises à l’abri desquelles une simple migraine vous donne un air recueilli et même l’ambiance des Offices pendant lesquels on peut dormir debout et ne rien faire sans en essuyer le moindre reproche. Mais jamais je n’avais pu déceler en ces lieux ou en moi-même le plus petit signe d’une présence divine. Et ce n’était pas faute d’avoir allumé cierges et veilleuses que j’avais scrupuleusement payés au prix indiqué. Mais rien n’y faisait et, à défaut de cette foi dont mon esprit ne parvenait pas à s’imprégner, je me contentais d’en espérer au moins un signe.
Cette position d’attente convient de toute façon à ma nature qualifiée de contemplative par celles et ceux qui apprécient ma compagnie et de molle et indécise par les autres. Mais vraiment, quel regret de ne pouvoir adhérer à cette belle histoire ! La félicité éternelle pour ceux qui n’ont rien ou pas grand-chose à se reprocher et les affres de la damnation pour les autres, mes voisins du dessus par exemple, qui me saluent chaque dimanche matin d’une aubade de perceuse-ponceuse ou encore les voisins d’à côté qui mobilisent une débauche de technologie pétaradante contre trois herbes folles. Ah ! Que le destin de tout ce monde soit de finir en grillades dans le barbecue de Belzébuth, oui, quelle belle histoire ! Et c’est ainsi que j’imagine avec délice les pompes du jugement dernier engloutissant en musique les bricoleurs insomniaques et tous les solistes du grand orchestre des tondeuses, rotofils et autres souffleurs de feuilles, toutes ces cohortes de fâcheux à moteurs.
Ce fut justement un moteur qui me tira de ces oiseuses rêveries auxquelles j’aime tant m’abandonner. Une fluorescente petite voiture bourrée d’électronique qui semblait sortir des chaînes de montage, un bolide décapotable spécialement pensé et conçu pour les jeunes mais que seuls peuvent s’offrir des retraités aux pensions grassouillettes, stoppa à ma hauteur dans un crissement de pneus. C’était tante Marcia, cramponnée au volant, les épaules resserrées, flanquée de Fortunat qui tenait ses fesses sur son Panama et serrait la tête (pardon, je m'embrouille, je voulais dire qui tenait son Panama sur sa tête et qui serrait les fesses).
— Je ne savais pas que vous aviez votre permis, félicitations Tante Marcia, hasardai-je.
— Abstiens-toi de me flatter inutilement et passe demain à la maison récupérer les clefs, répliqua-t-elle sèchement. Quant à mon permis, feu mon incapable de mari n’a jamais été fichu de m’encourager à prendre des leçons. Heureusement que Fortunat me donne quelques rudiments.
Je me doutais bien que ma vieille tante mais cependant jeune conductrice avait prononcé une autre phrase que je ne pus toutefois entendre en raison du hurlement sauvage que produisirent les pneus du véhicule désormais réduit à un nuage de poussière vrombissant à l’horizon de la rue par miracle déserte à cette heure-là. Beaucoup plus reposante, l’Ami 6 recueillit mollement mes quatre-vingt six kilos et ma décision de consacrer quelques minutes à faire le point. J’éprouve très souvent le besoin de faire le point tant l’existence me paraît agitée et compliquée. C’est même pour moi une absolue nécessité. Rien qu’en une journée, je fais le point un nombre incalculable de fois. Aussi, je n’enchaîne que rarement deux actions consécutives, jugeant plus sage et plus pratique de faire le point plutôt que de prendre des décisions rapides donc forcément inconsidérées. D’ailleurs, rien ne me contrarie autant que d’avoir à prendre des décisions. Parfois, je fais le point si longtemps que je finis par en oublier la décision. Mais cela n’est pas grave car il y a tant de décisions à prendre dans la vie que je peux bien en laisser sombrer quelques-unes dans l’oubli. Le monde s’arrêterait-il de tourner pour autant ? Non. Et de toute façon, si le monde s’arrête un jour de tourner, il n’y aura plus aucune décision appropriée car ce sera la fin. Je pense souvent à la fin du monde. Cela me permet d’envisager l’avenir avec plus de sérénité. Face à cette éventualité, mon licenciement est un événement qui prend sa véritable dimension, celle d’une chiure de bactérie.
Avant de démarrer, je fis de nouveau le point pour tenter d’anticiper les conséquences purement économiques du plan de tante Marcia, ce qui me conduisit très vite, c’est-à-dire au bout d’une petite demi-heure, à envisager le profit que je pourrais tirer de cette opportunité : des mois de loyer économisés le temps de me voir venir, l’agrément d’une grande maison bourgeoise où la seule contrainte se résumerait à servir un repas quotidien au chartreux, un félin qui n’avait pas un mauvais fond malgré une propension à oublier de rentrer ses griffes lorsqu’il venait se pelotonner affectueusement contre la cuisse accueillante d’un visiteur.
Satisfait du pragmatisme dont je venais d’enrichir ma réflexion, je réussis à démarrer l’Ami 6 du premier coup, ce qui me parut de bon augure. Je me promis de faire une autre fois le point dès mon arrivée chez moi. Lorsque celle-ci survint, les habitants de l’immeuble présents à leur domicile en furent comme d’habitude informés par les râles entrecoupés de hoquets émanant de l’Ami 6 lors des opérations de rétrogradage, de freinage et de tentative d’arrêt du moteur. En effet, s’il arrivait à ce dernier de se montrer récalcitrant au démarrage, il pouvait aussi, parfois, refuser de s’arrêter. Mais cela n’était guère gênant pour le voisinage excepté lorsque cela se produisait à une heure avancée de la nuit ou aux petites heures de l’aube.
Extrait : © Éditions Orage-Lagune-Express 2019, tous droits réservés
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